Droits de santé sexuelle et reproductifs au Togo
La société togolaise tout comme celle africaine exclut généralement la jeune fille ou le jeune garçon du débat sur la sexualité quelle que soit la forme. Ce constat résulte des appréhensions des parents à conduire leurs enfants à la déviance. Cette prétendue préservation prévaut dans un contexte où même les parents sont sous informés sur les questions de la santé sexuelle et reproductive. A chaque étape de leur vie, les femmes et les couples doivent avoir accès à des services de santé pour bien vivre et comprendre leur sexualité. Dès l’adolescence, les jeunes doivent s’informer sur leur droit, les méthodes de contraception, les maladies sexuellement transmissibles et les services de santé disponibles.
Malheureusement, en absence de technique de riposte et de prise en charge de qualité des jeunes sur les questions relatives à leur sexualité, la précocité des relations sexuelles expose plusieurs jeunes aux risques de grossesses non désirées, aux infections sexuellement transmissibles dont le VIH et aux avortements clandestins. Cette précocité faisant couler beaucoup d’encres et de salives dans la plupart des pays de l’Afrique notamment au Togo et au Niger a permis à plusieurs partenaires de mesurer la portée en changeant leurs approches et stratégies programmatiques dans le but de faire avancer la santé sexuelle et reproductive des jeunes dans leurs programmes d’actions. Ce changement au Togo vient en effet en appui à cette dynamique impulsée par plusieurs gouvernements mais qui se sont avérées peu productives.
- Quels sont alors les opportunités et les défis pour la poursuite et l’accélération des changements initiés en faveur des jeunes ?
- Les réponses à ces interrogations aboutiront à l’élaboration de plusieurs recommandations pour une amélioration durable du droit de la santé sexuelle et reproductive des adolescentes au Togo et au Niger.

Etat des lieux au Togo
En Afrique de l’Ouest et plus précisément au Togo, plus de la moitié de la population a moins de 25 ans. Cette population jeune souffre d’un manque criard d’accès à des informations fiables et à des services de soins adaptés, facilement accessibles. Ces lacunes sont étroitement liées à la persistance de tabous, de croyances religieuses et de certaines pratiques culturelles vétustes de longues années. Il s’agit de lutter contre les Infections sexuellement transmissibles (dont le VIH), les avortements non sécurisés, les grossesses précoces, et les violences basées sur le genre : des risques auxquels les jeunes filles et femmes sont davantage exposées. Les adolescents et jeunes filles ont besoin d’une bonne prise en charge. Si les pays ont ratifié des traités internationaux relatifs aux droits et à la santé sexuelle et reproductive, l’application au Togo pose d’énormes problèmes dans sa globalité. Les gouvernants en charge des politiques ne s’approprient pas suffisamment ces questions.
Malgré que la loi reconnaisse que le droit de la personne à la santé de la reproduction est un droit humain, inviolable, universel inaliénable et imprescriptible et que tout individu a le droit de jouir du meilleur état de santé qu’il est possible d’atteindre (confère article6,7 et 8), les pouvoirs togolais ont tendance à se débarrasser de leurs responsabilités.L’abus sexuel au Togo fait partie des maux qui minent la stabilité du pays. Depuis plusieurs années, le contexte économique et socio-politique engendre une destruction des indicateurs sociaux de base : Baisse de la scolarisation, hausse de la mortalité infantile, augmentation de l’insécurité, augmentation des enfants travailleurs. Dans de nombreux cas, les adolescents se retrouvent entre les mains de personnes mal intentionnées et subissent toutes sortes de violences psychologiques et sexuelles physiques.

Les défis
Les conséquences de la pandémie du COVID19 sont désastreuses pour les jeunes, qui perçoivent leurs droits et leurs choix considérablement réduits par la le manque d’accès à l’éducation, à l’emploi, et aux services essentiels, notamment aux services de santé sexuelle et reproductive. Les jeunes filles et les jeunes femmes sont particulièrement vulnérables.
Santé sexuelle et avenir des jeunes : quelle relation ?
Ils doivent pouvoir être libres de choisir leur partenaire, de se marier ou non et d’avoir ou non des enfants. Malheureusement aujourd’hui, une fille mineure sur trois se marie sans son consentement et des plusieurs centaines de milles d’adolescents deviennent mères chaque année. Une femme doit pouvoir choisir d’interrompre une grossesse si cette grossesse n’est désirée ou au contraire de l’amener à terme dans de bonnes conditions pour elle et son bébé. Mais près d’un million de femmes au Togo n’ont pas accès aux méthodes de contraception efficace. Résultat, une grossesse sur dix se termine par un avortement non médicalisé ce qui entraine le décès de 47 milles femmes chaque année.
Un continuum de soin efficace doit favoriser le droit et l’accès équitable à des services de santé de qualité, mais des millions de femmes en sont privées parce que certains gouvernements leur interdisent ou parce qu’elles n’en ont pas les moyens ou simplement parce que les centres de santé sont trop éloignés ou non adaptés. Un accès universel à la contraception permettrait de réduire de plus de 2/3 le nombre de grossesse non désirées et d’avortement à risque. Si le droit des femmes était respecté elles seraient moins exposées aux risques de transmissions du VIH, leur taux d’infection étant deux fois plus élevé que celui des hommes. Les femmes et les adolescents émancipés sont à même d’exercer leur droit et d’agir sur leurs vies, ont plus de chance de poursuivre leurs études, de mener une carrière professionnelle et de participer à la vie publique mais aussi d’investir dans la santé et l’éducation de leurs propres filles ce qui contribue à diminuer les inégalités de genre
Le cadre juridique et institutionnel :
Au Togo, les indicateurs de droits à la santé sexuelle et reproductive restent préoccupants. Les défis de santé liés à la santé sexuelle et reproductive représentent ainsi une problématique majeure de par leur prévalence. Chez les jeunes et les adolescentes en particulier, l’amélioration de l’accès à des services de santé sexuelle et reproductive est un enjeu stratégique. Dans le but de renforcer les actions des acteurs de développement au Togo en matière de Droit de la Santé sexuelle et de la Reproduction afin qu’il y ait au sein des communautés des changements de comportement en la matière, le Togo dispose depuis 2007 des lois et des sanctions auxquelles s’exposent tous contrevenants. Il s’agit du code de l’enfant au Togo. Ce code définit l’enfant comme tout être humain âgé de moins de 18ans. Punit sévèrement toute personne coupable d’acte d’inceste, de pédophilie, ou d’abus sexuel sur un adolescent (e). La première chose qui frappe donc à l’œil au regard du code de l’enfant c’est l’abus sexuel. A en croire l’article 396, constitue un abus sexuel sur une adolescente ou un mineur le fait, par tout individu en situation de puissance ou de confiance ou par toute personne à l’égard de qui l’enfant est en situation de faiblesse ou de dépendance, de soumettre celui-ci à des contacts sexuels. Au Togo, l’abus sexuel commis sur un enfant est puni de un à cinq ans d’emprisonnement.

Politiques et lois sur les droits de santé sexuelle et de la reproduction au Niger :
Les barrières socioculturelles et le fait que la santé sexuelle des jeunes soit considérée comme un sujet hautement tabou au Niger rend difficiles toutes discussions et tous débats sur la sexualité et crée par conséquent des obstacles à son éradication quand bien même qu’il existe des lois qui condamnent cet état de chose. Ceci dit, l’existence de lois et des traités en faveur des jeunes filles et des femmes ne signifie pas qu’ils sont appliqués. Mais, même s’il existe des carences, le paysage législatif et politique regorge d’éléments importants sur lesquels se baser pour influencer la prise en compte de la santé sexuelle et reproductive des jeunes. Cependant, le niveau de connaissance des lois et du cadre législatif par les instances sommées de les faire appliquer ou même par les populations censées respecter reste très faible. Une des preuves de cette faible applicabilité et de l’incohérence législative au Niger, est celle des victimes d’abus sexuels qui sont astreintes une somme relativement élevée avant d’obtenir le certificat médical, pièce maitresse pour enclencher le processus de dépôt de plainte.

Recommandations
À l’heure où les communautés cherche à mieux se reconstruire, nous nous devons d’assurer l’accès prioritaire des jeunes à l’éducation et aux services dont ils ont besoin pour réaliser leur plein potentiel. Il est essentiel que toutes les générations travaillent ensemble et main dans la main. Ensemble les défis seront relevés pour véritablement aider les jeunes à bâtir un avenir plus inclusif et durable pour tous. Et pour ça, l’éducation complète à la sexualité est une arme sûre. En effet, l’éducation à la sexualité permettra d’enseigner la sexualité sans discrimination ni tabous, en fonction de l’âge, sans jugement de valeur et sur des bases scientifiques.
Il s’agit d’une thématique très importante, que ce soit dans le milieu scolaire ou en dehors : tous les jeunes en ont véritablement besoin. Elle répond en réalité à des préoccupations liées à la santé des adolescentes et des jeunes, à la lutte contre les violences basées sur le genre et à la prévention des grossesses non désirées.
- Les Etats Togolais et Nigérien devraient prendre en compte ces questions dans les curricula scolaires et reconnaître le volet communautaire, un volet extrêmement important. De façon plus large, il importe de communier les efforts sur tous les fronts et dans la durée, notamment de sortir de l’approche projet pour mettre les acteurs au centre des processus des changements visés.
- La première chose serait alors de donner la parole aux jeunes, afin qu’ils puissent mieux s’exprimer sur leurs défis quotidiens et participer ainsi à l’élaboration des mesures qui les concernent.La plupart des résultats escomptés seront atteints voire dépassés.
- Les jeunes eux-mêmes, les leaders religieux, ainsi que les parents, et les autorités locales estimeront avoir pris conscience de l’importance de certaines valeurs, comme le respect mutuel entre hommes et femmes.
- Accentuer les dispositifs de formation « en cascade » relatifs au module Violences de genre en milieu scolaire tout en facilitant aux inspecteurs d’éducation, afin de permettre une bonne intégration d’autres acteurs qui n’étaient pas forcément présents dès le début du processus. Ce qui permettra par la suite d’élargir le concept de non-violence à travers les acteurs enseignants et non enseignants.
- Appuyer l’adaptation des centres de santé existants aux besoins des jeunes adolescents c’est-à-dire tenir compte du personnel dédié, l’horaire adapté, l’espace réservé.
- S’assurer également avec les jeunes et les adolescentes que les lois en vigueur à l’égard de leur santé sexuelle et reproductive sont appliquées sur le terrain et répondent efficacement à leurs besoins.