Promotion du genre en Gambie : Quelles politiques pour l’intégration du genre dans les politiques sectorielles de développement ?

Auteur : Cellule de Communication du Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD)

RFLD, est une organisation d’Afrique subsaharienne qui possède une expertise dans la collaboration avec les acteurs étatiques, les médias, et les organisations de la Société Civile. Nous intervenons à travers le plaidoyer, le développement de politiques, la formation, en intégrant le genre et en promouvant l’espace civique, les droits des femmes, les droits sexuels et Santé de Reproduction, la justice climatique, les droits économiques des femmes.

Email du Secrétariat : admin@rflgd.org

République de Gambie, petit pays large d’une quarantaine de kilomètres le long du fleuve Gambie, est un des petits pays existant en Afrique de par le seul arbitraire du morcèlement colonial. Situé à quelques encablures de la Libye, Adama Barrow, l’actuel président, arrivé au pouvoir à la faveur d’une période mouvementée par une tension interne a instauré depuis son arrivée un régime présidentiel que plusieurs qualifieraient de difficile à vivre. Depuis l’assertion du pays à la souveraineté internationale, peu d’efforts ont été faits pour améliorer le niveau de vie de la population. Ceci s’explique par le fait que le pays occupe la 174eme position en matière de développement humain et plus de 64% de son peuple mène une vie en deçà du seuil de pauvreté monétaire. Caractérisé donc par les indicateurs de développement faibles, ceux des jeunes filles et femmes le sont plus. Dans presque tous les secteurs de l’économie et des sociétés, celles-ci continuent d’être au bas de l’échelle. A en croire le Rapport sur le développement humain, établie par le PNUD, l’indice globale de développement humain gambien pour les femmes ne dépasse pas 3%. Ce qui révèle que l’émancipation des femmes en Gambie rencontre énormément de poches de résistance. Sur le plan du respect des droits des femmes, si quelques progrès peuvent être cités surtout dans le domaine de l’éducation, les autorités gambiennes ont toujours de difficultés pour bouger les lignes de la société gambienne encore très conservative.

En 2022, quelle est la situation et quelle politique pour l’intégration des femmes dans les politiques sectorielles de développement ?

Etat des lieux actuels : Situation sociale et place des femmes dans l’espace public

  • Sur le plan de santé sexuelle et reproductive

Garantir l’égalité des sexes c’est assurer à homme et femme un égal accès aux opportunités pouvant leur permettre de mener une vie de leur propre choix et d’éviter les privations extrêmes dans les résultats. Y compris l’égalité des sexes dans les ressources, les droits et la voix. En matière de la santé sexuelle et reproductive en Gambie, les femmes sont plus touchées par la mortalité infantile avec un taux allant jusqu’à 10%. Ce taux peut aller jusqu’à 16% si rien n’est fait. Dans les zones rurales ce taux s’explique en partie par un grand nombre de grossesses précoces en raison de la fréquence des mariages forcés dès l’âge de puberté. Il s’explique aussi par la forte fécondité des femmes quand bien même que dans les dernières années ce taux a connu une baisse. L’indice de fécondité aujourd’hui est de 5,15 enfants par femme avec un taux de mortalité de 12,40 enfants par heure. Cette forte fécondité s’explique elle-même par le degré de méconnaissance des méthodes contraceptives dont sont victimes un grand nombre de femmes. La pandémie du Covid-19 ajoutée à certaines maladies infectieuses et tropicales ont elles-aussi révélé la vulnérabilité des femmes qui s’étend par ailleurs d’autant plus vite à cause de la pratique du vagabondage sexuel masculin, de la polygamie et de l’absence total de la promotion des moyens contraceptifs sous l’influence des chefs traditionnels.

  • Les femmes et la politique

L’image de la gent féminine africaine comme socle incontournable et inamovible de sa communauté est un prototype qui transcende les frontières nationales. Et qui s’est depuis toujours arrêté au seuil du monde de la politique, de l’entreprise ou du moins jusqu’à récemment. En effet, l’année 2022 aura été en Gambie celle d’avancées notoires en matière de leadership féminin et de la promotion de genre en Afrique subsaharienne, tant dans le secteur public que privé. En tant que femme africaine travaillant activement pour le développement, plusieurs d’entre elles se réjouissent aujourd’hui de voir toutes ces années de lutte pour la promotion de l’égalité des sexes se refléter enfin dans la classe dirigeante africaine, même si c’est en miniature. Le président de la République a en effet pour privilège de pouvoir nommer six représentants du peuple à l’Assemblée Nationale qui siègent même titre que les élus. Le pouvoir actuel comprend 23 ministres soit hommes et trois ministres femmes. La présence des femmes dans la politique jusqu’à aujourd’hui est faible. Elles sont toujours en butte à la discrimination. Alors que l’augmentation du nombre de femme dans les instances institutions étatiques va permettre à celles-ci de de renforcer la coopération par-delà des clivages d’ethnie et de parti mais aussi de pleinement jouer leur rôle de premier plan dans la défense des politiques d’égalité de genre.

Perspectives

L’élimination des discriminations pour garantir l’égalité des sexes ne signifie pas nécessairement l’équitable répartition d’hommes et de femmes dans toutes les activités ni de traiter les hommes et les femmes exactement de la même façon. Bien au contraire cela signifie une aspiration à travailler pour l’émergence d’une société au sein de laquelle ni les hommes ni femmes ne souffrent de la pauvreté sous toutes ses formes. Cela fait également appel à une forme de société dans laquelle aussi bien les jeunes filles et les jeunes garçons, les femmes et les hommes se sentent capables de mener une vie de façon épanouie et productive. C’est pourquoi, les autorités doivent garantir l’Équité des sexes. Et pour y arriver il faut des politiques qui impliquent l’impartialité dans la manière dont les différents sexes sont traités, dans certains cas pour compenser les désavantages sociaux. Cette politique peut permettre de garantir que les différents sexes ont non seulement un accès égal aux possibilités et aux ressources, mais également tous les moyens pour profiter de telles possibilités et ressources. Deuxièmement, la Gambie se doit de fixer des quotas pour les femmes lors des élections nationales et de veiller au respect de ces quotas. La fixation du quota pourra favoriser l’intégration du genre qui va sauter les verrous pour l’implication des femmes dans la mesure du possible dans le processus de prise de décision en matière de développement. Conséquemment, ces mesures sont indispensables à l’atteinte d’une vraie égalité des sexes.

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