Auteurs : AGUEH Dossi Gloria – Présidente du RFLD et HOSSOU Lea – Chargée de l’Information du RFLD
Cet article explore l’absence de cadre législatif pour combattre les MGF au Mali, au Liberia et en Sierra Leone, et le rôle potentiel des organismes régionaux des droits de l’homme pour accélérer leur élimination. Les MGF sont pratiquées dans de nombreuses régions du monde, notamment au Mali, au Liberia et en Sierra Leone. Dans ces trois pays, la prévalence des MGF est élevée, avec plus de 70 % des filles et des femmes ayant subi la procédure.
Les MGF transfrontalières posent un défi particulier au Mali, au Liberia et en Sierra Leone. Ces pays partagent des frontières poreuses et les communautés ont souvent des liens culturels et familiaux étroits à travers les frontières. Cela facilite le déplacement de filles et de femmes vers un autre pays pour subir des MGF, même si c’est illégal dans leur pays d’origine.
Absence de cadres législatifs
Mali : Au Mali, les MGF restent prédominantes, en particulier dans les zones rurales. Alors que le gouvernement malien a montré peu d’engagement pour aborder le problème, il manque une législation nationale complète criminalisant explicitement la pratique. L’absence de cadre légal est insuffisante pour dissuader les communautés de pratiquer les MGF, qui restent profondément enracinées dans la tradition.
Liberia : Le Liberia a entrepris des actions pour aborder les MGF à travers sa loi de 2008 sur les enfants, qui interdit les MGF pour les individus de moins de 18 ans. Cependant, il n’y a pas de lois spécifiques interdisant complètement les MGF pour tous les groupes d’âge. Ce vide dans le cadre légal présente un défi pour éradiquer efficacement la pratique.
Sierra Leone : Sierra Leone a réalisé des progrès significatifs en reconnaissant le préjudice causé par les MGF, mais n’a pas encore adopté une législation complète interdisant la pratique. En 2020, un projet de loi a été présenté au Parlement, mais son adoption est en attente. L’absence d’un cadre légal rend difficile la tenue des auteurs responsables.
Le rôle des organismes régionaux des droits de l’homme
Les organismes régionaux des droits de l’homme peuvent jouer un rôle important dans l’accélération de l’élimination des MGF transfrontalières au Mali, au Liberia et en Sierra Leone. Ces organismes ont plusieurs mandats qui peuvent être utilisés pour promouvoir et protéger les droits des femmes et des filles, notamment le droit de ne pas subir les MGF.
L’un des rôles les plus importants que ces organismes peuvent jouer est de surveiller et de rendre compte de la mise en œuvre des normes internationales des droits de l’homme, y compris celles liées aux MGF. Cela peut aider à identifier les lacunes dans la mise en œuvre et à demander des comptes aux gouvernements pour leurs engagements.
Les organismes régionaux des droits de l’homme peuvent également fournir des conseils et un soutien aux gouvernements pour élaborer et mettre en œuvre des lois et des politiques efficaces pour éliminer les MGF. Cela peut inclure une assistance technique dans l’élaboration de la législation, le développement de programmes de formation pour les forces de l’ordre et le personnel judiciaire, et le soutien à des campagnes de sensibilisation.
De plus, les organismes régionaux des droits de l’homme peuvent jouer un rôle dans l’arbitrage des plaintes individuelles et collectives liées aux MGF. Cela peut contribuer à garantir que les victimes de MGF aient accès à la justice et que les auteurs soient tenus responsables.
Engagement avec les organismes régionaux des droits de l’homme
Il existe plusieurs moyens de s’engager avec les organismes régionaux des droits de l’homme sur la question des MGF transfrontalières au Mali, au Liberia et en Sierra Leone.
Un moyen est de soumettre des communications aux organes compétents. Cela peut être fait par des individus, des communautés ou des organisations. Les communications doivent fournir des informations détaillées sur les allégations de violations des droits de l’homme, y compris les noms des victimes et des auteurs, si connus.
Un autre moyen d’engager les organismes régionaux des droits de l’homme est de participer à leurs réunions et audiences. Cela offre l’opportunité de présenter des preuves de MGF et d’appeler les organes à agir pour résoudre le problème.
Les organisations peuvent également plaider pour que les organismes régionaux des droits de l’homme adoptent des résolutions et des recommandations sur les MGF. Cela peut contribuer à sensibiliser à la question et encourager les gouvernements à agir.
Enfin, les organisations peuvent travailler avec les organismes régionaux des droits de l’homme pour développer et mettre en œuvre des plans d’action communs sur les MGF. Cela peut aider à garantir que le travail des organismes est coordonné et qu’il a un impact réel sur le terrain.
Organismes régionaux des droits de l’homme pouvant être impliqués
Certains des organismes régionaux des droits de l’homme qui peuvent être impliqués sur la question des MGF transfrontalières au Mali, au Liberia et en Sierra Leone incluent :
- La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ACHPR)
- La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (AfCHPR)
- La Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
En plus des défis liés à l’implication des organismes régionaux des droits de l’homme, les OSC (Organisations de la Société Civile) font également face à plusieurs défis au niveau national dans leurs efforts pour éliminer les MGF.
Un défi est le manque de volonté politique pour aborder les MGF. Au Mali, au Libéria et en Sierra Leone, les MGF sont profondément enracinées dans la culture et la tradition. De nombreux politiciens sont réticents à prendre des mesures contre les MGF, de peur d’aliéner leurs électeurs.
Un autre défi est le manque de ressources financières. Les OSC qui travaillent à éliminer les MGF dépendent souvent du financement des donateurs. Cependant, ce financement peut être imprévisible et instable. Cela peut rendre difficile pour les OSC de planifier et mettre en œuvre des programmes à long terme.
Les OSC font également face à des défis dans la construction et le maintien de relations avec les responsables gouvernementaux. Dans certains cas, les responsables gouvernementaux peuvent être hostiles ou peu réceptifs aux OSC. Cela peut rendre difficile pour les OSC de plaider en faveur du changement et de demander des comptes aux gouvernements pour leurs engagements.
Enfin, les OSC sont confrontées à des défis pour sensibiliser et éduquer le public sur les MGF. De nombreuses personnes au Mali, au Libéria et en Sierra Leone ont un accès limité à l’information et à l’éducation. Cela peut rendre difficile pour les OSC de changer les attitudes et comportements à l’égard des MGF.
Malgré les défis, les OSC jouent un rôle vital dans la lutte pour éliminer les MGF au Mali, au Libéria et en Sierra Leone. En s’engageant avec les organismes régionaux des droits de l’homme et en travaillant au niveau national, les OSC aident à sensibiliser sur la question, plaider en faveur du changement et soutenir les victimes de MGF.
Comment soutenir les OSC travaillant à l’élimination des MGF
Il existe plusieurs moyens de soutenir les OSC qui travaillent à éliminer les MGF au Mali, au Libéria et en Sierra Leone.
Un moyen est de fournir un soutien financier. Les OSC dépendent du financement des donateurs pour mettre en œuvre leurs programmes. Les dons peuvent être faits directement aux OSC ou via des organisations qui soutiennent les OSC travaillant sur les MGF.
Un autre moyen de soutenir les OSC est de fournir une assistance technique. Les OSC peuvent avoir besoin d’aide pour développer et mettre en œuvre des programmes, mener des recherches et renforcer leurs capacités. L’assistance technique peut être fournie par des individus ou des organisations ayant une expertise dans le domaine des MGF.
Enfin, les individus et les organisations peuvent également soutenir les OSC en sensibilisant sur la question des MGF et en plaidant pour le changement. Cela peut se faire en écrivant aux responsables gouvernementaux, en participant à des événements publics et en partageant des informations sur les MGF sur les réseaux sociaux.
En soutenant les OSC, les individus et les organisations peuvent contribuer à accélérer l’élimination des MGF au Mali, au Libéria et en Sierra Leone.
Travail du Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD) au niveau régional pour éliminer les MGF
Le RFLD est un réseau régional panafricain de femmes leaders pour le développement qui travaille à éliminer les MGF en Afrique. Le réseau a un statut d’observateur auprès de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), ce qui lui donne accès et la capacité de s’engager directement avec deux mécanismes importants de la CADHP : le Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’homme et le Rapporteur spécial sur les droits des femmes.
Au niveau régional, le RFLD travaille pour éliminer les MGF en :
- Plaidant pour l’adoption et la mise en œuvre de lois et de politiques pour interdire et punir les MGF. Le RFLD travaille avec les gouvernements et d’autres parties prenantes pour élaborer et mettre en œuvre des lois et des politiques qui protègent les femmes et les filles contre les MGF. Le réseau veille également à ce que ces lois et politiques soient effectivement appliquées.
- Sensibilisant sur les préjudices des MGF et promouvant leur abandon. Le RFLD mène des campagnes d’éducation du public pour sensibiliser sur les préjudices physiques, psychologiques et sociaux des MGF. Le réseau travaille également à promouvoir l’abandon des MGF en modifiant les normes sociales et les attitudes.
- Soutenant les victimes de MGF et leurs familles. Le RFLD apporte un soutien aux survivantes de MGF et à leurs familles, y compris un soutien médical, psychosocial et juridique. Le réseau travaille également à autonomiser les victimes de MGF pour dénoncer la pratique et plaider pour leurs propres droits.
Comment le statut d’observateur du RFLD auprès de la CADHP aide à éliminer les MGF
Le statut d’observateur du RFLD auprès de la CADHP lui confère plusieurs avantages dans son travail pour éliminer les MGF.
Tout d’abord, cela donne au RFLD accès aux mécanismes de la CADHP, tels que ses Rapporteurs spéciaux sur les défenseurs des droits de l’homme et les droits des femmes. Le RFLD peut utiliser ces mécanismes pour sensibiliser sur les MGF, plaider pour l’adoption et la mise en œuvre de lois et de politiques pour interdire et punir les MGF, et soutenir les victimes de MGF et leurs familles.
Ensuite, le statut d’observateur du RFLD auprès de la CADHP lui confère crédibilité et légitimité. En tant qu’observateur accrédité, le RFLD est considéré comme une source d’information crédible et fiable sur les MGF. Cela donne plus d’influence et d’impact au travail du réseau.
Enfin, le statut d’observateur du RFLD auprès de la CADHP lui donne accès à un réseau d’autres organisations de la société civile qui travaillent sur les questions de droits de l’homme. Ce réseau peut fournir un soutien et des ressources au RFLD, et il peut aider le réseau à amplifier sa voix.
Dans l’ensemble, le statut d’observateur du RFLD auprès de la CADHP est un atout précieux dans son travail pour éliminer les MGF. L’accès du réseau aux mécanismes de la CADHP, sa crédibilité et sa légitimité, ainsi que son réseau d’autres organisations de la société civile, lui offrent une plateforme unique pour plaider en faveur du changement et soutenir les victimes de MGF.