Discours de Madame AGUEH Dossi Sekonnou Gloria
Présidente du Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD)

C’est avec grand plaisir que je salue votre présence qui témoigne de votre soutien à cet évènement solennel de distinction. Je salue très chaleureusement les Chefs de délégations ici présents et les représentants des Organisations de la Société Civile venus de différents pays.
Hon. Rémy Ngoy Lumbu – Rapporteur Spécial sur les Défenseurs des Droits de l’Homme et Point Focal sur les représailles,
Le Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD) et son Partenaire CIVICUS ont suivi avec intérêt l’ensemble des activités menées par votre haute Juridiction au cours de votre mandat et vos propositions pour faire jouer au secteur de la justice toute sa partition dans le processus de consolidation de l’Etat de droit dans notre cher continent, l’Afrique.
Le Réseau se réjouit des avancées notables enregistrées, notamment dans la production des avis motivés et avis juridiques sollicités par des Etats auprès de votre institution, qui, au passage, fait un travail sérieux.
En dépit des difficultés rencontrées, vous avez pu atteindre un niveau de performance qui est largement supérieur à celui des attentes. Par ailleurs, cela prouve à suffisance la conscience professionnelle et l’efficacité de vos collaborateurs dans l’accomplissement des tâches que la commission leur a confiées.
C’est l’occasion pour nous, de vous adresser de vive voix, nos chaleureuses félicitations et nos encouragements pour les efforts ainsi consentis.

Monsieur le Rapporteur Spécial,
Mesdames et Messieurs,
C’est un secret de polichinelle que le secteur de la justice en Afrique doit faire appel à de profondes réformes pour pouvoir répondre efficacement aux attentes des citoyens qui, on le sait déjà, aspirent au bien-être social, économique et juridique.
C’est dire, Monsieur le rapporteur, combien les questions touchant à l’institution judiciaire et au droits de l’homme en particulier vous tiennent à cœur.
La tenue de la présente cérémonie solennelle me donne l’occasion d’exprimer ma satisfaction pour l’accompagnement pédagogique que vous avez apporté à l’ensemble des citoyens, dans le sens de l’amélioration de la qualité du service public de la justice et du respect des droits de l’homme. Ceci en votre qualité de Rapporteur Spécial sur les Défenseurs des Droits de l’Homme et Point Focal sur les représailles.
Vous avez attaché, en effet, du prix à la mission permanente d’inspection et de contrôle à l’égard de toutes les juridictions africaines. En défendant avec ténacité le respect des droits de l’homme et l’instauration d’une justice au service du peuple et non contre lui, vous envoyez un message fort, parfaitement audible et véritable source d’inspiration ; ce message, c’est que les droits et la justice ont leur place dans le développement intégral de notre cher continent.
Le rôle que vous avez joué dans la gestion de la crise sanitaire en rapport avec la pandémie de la Covid-19 qui a frappé la quasi-totalité des pays de la planète a été chaleureusement salué dans de nombreux pays ; cette initiative est symbolique, car elle a consacré non seulement la nécessité d’assurer la protection des plus faibles mais aussi de permettre à tous de vivre une vie paisible pendant que la terre est secouée par cette pandémie.
Vous avez procédé également à l’organisation périodique de rencontres régionales de réflexion entre les présidents des Institutions Nationales des Droits de l’Homme, les acteurs de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme. Lesquelles rencontres ont permis de réfléchir sur les questions liées aux droits de l’homme et de proposer des stratégies d’adaptation et de lutte contre les violences.

Mesdames et Messieurs,
Nul n’ignore que les africains aujourd’hui doutent, de plus en plus, de l’impartialité de leur justice et de sa capacité à répondre tant efficacement que promptement à leurs besoins et à leurs attentes de justice.
Il leur arrive même d’hésiter à recourir à la justice dans des situations qui l’exigent pourtant. Nous assistons de plus en plus à des appareils judiciaires de plus en plus soumis aux pressions de toutes natures et surtout à celle de l’argent. Ce sentiment d’une justice en panne est aux antipodes des légitimes attentes des peuples qui demandent seulement que justice leur soit faite. Cet état de chose interpelle nos consciences individuelles et collectives quant à l’avenir de notre continent et par ricochet de nos pays.
C’est pourquoi, l’ensemble des organisations de la société civile pense qu’il nous faut, sans relâche, œuvrer pour une justice crédible, diligente, et impartiale, de nature à susciter l’engouement des partenaires à nous accompagner dans notre marche vers le développement intégral.
Le RFLD se dit toutefois satisfait de savoir qu’il existe encore sur la planète, d’excellents honorables attachés aux vertus cardinales de conscience professionnelle aigüe, de rigueur, d’éthique, d’intégrité, de discrétion, et de probité dans leur office qu’ils exercent à la mesure de la dimension sacerdotale. Dans ce petit nombre, Monsieur le rapporteur, vous en faites partie.
Soyez-en félicité et encouragé. Nous ne doutons pas de votre persévérance à jouer ce rôle de sentinelles de l’Etat de droit aux cotés de nos dirigeants.

Monsieur le Rapporteur Spécial sur les défenseurs des droits de l’homme et point focal sur les représailles,
Alors qu’approchait l’échéance fixée au niveau international concernant l’engagement politique de « faire taire les armes », des conflits armés insolubles se poursuivent, et de nouvelles formes de violence commises ont engendré des tueries, des enlèvements, des actes de torture, des violences sexuelles et des déplacements massifs, y compris des crimes de droit international, dans moult pays d’Afrique. Ces conflits, violation des droits de l’homme ainsi que les nouvelles formes de violence intercommunautaire qui ont surgi dans des pays nous rappelle que l’Afrique est loin d’en avoir fini avec le cycle infernal des conflits armés et de la violence.Cette réalité mérite donc des actions fortes pour bouger les lignes.
Reconnaissant le travail louable que vous avez accompli aux cotés des défenseurs des droits de l’homme, le Réseau des Femmes Leaders pour le Développement et CIVICUS vous décerne le prix UBUNTU pour vos multiples efforts consentis aux cotés des défenseurs des droits de l’homme en Afrique. Faisant partie des organisations qui luttent également pour le respect des droits de l’homme, nous vous exhortons à ne pas vous arrêter en si bon chemin. Tant qu’il reste à faire, c’est que vous avez toujours la capacité et la possibilité de donner plus.
Comme le disait ce grand fils de l’Afrique, Ngũgĩ wa Thiong’o : « Aujourd’hui est le trésor de demain. Demain est la récolte que nous plantons aujourd’hui ». Grâce à votre leadership, votre ténacité et aux fruits de vos actions, nul doute que des graines qui forcent l’obligation du respect des droits de l’homme ont été semées pour consolider l’unité de notre continent, pour autonomiser les Africaines et faire taire l’injustice sous toutes ses formes.
Chers invités, l’Honorable Rémy Ngoy Lumbu a déjà planté, préparons-nous avec impatience à nos récoltes. Notre passé fut glorieux, notre avenir le sera aussi. C’est sur ces mots d’espoir, qu’au nom du Réseau des Femmes Leaders pour le Développement, du peuple africain impatients de voir se multiplier des leaders comme l’honorable Rémy Ngoy Lumbu et en mon nom propre, je voudrais vous souhaiter, une bonne et fructueuse année 2022-2023.
Vive l’Etat de droit !
Vive le citoyen libre !
Vive une Afrique libre et prospère !
Vive la CADHP !
Je vous remercie.