En dépit des multiples sensibilisations à ce sujet, le phénomène de la Mutilation Génitale Féminine a toujours droit de cité dans la partie septentrionale du Bénin. Au Bénin, comme dans les autres pays qui pratiquent une excision sur les jeunes filles et femmes, la pratique est considérée comme un moyen d’asservir ou de « dompter » la sexualité des filles. Les mutilations génitales féminines (MGF) se traduisent comme toute intervention ayant pour conséquence l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiqués pour des raisons non médicales. Une étude réalisée en 1993 par le comité national chargé des pratiques coutumières néfastes en République du Bénin fait état d’une prévalence de 50%. Les Mutilations génitales féminines concernent surtout le Nord du pays, c’est-à-dire les provinces d’Atacora, Borgou, de la Donga et du Zou. Les Baribas, les bokos, les Nagos, les Peuhls et les wamas apparaissent comme les principaux groupes ethniques pratiquant les mutilations génitales féminines.
Dans le Nord du Bénin plus précisément dans le village de Sakabansi, commune de Nikki, plusieurs actes d’atteinte à l’intégrité physique des jeunes filles et femmes ont été orchestrés. A 500km environs de la capitale économique du Bénin, ces jeunes filles âgées de 5 à 19ans continuent de subir le diktat de la tradition du septentrion en ce qui concerne les Mutilations Génitales Féminines. Dès leur jeune âge, ses jeunes filles de la commune de Kandi en payent les frais. L’Atacora n’est pas du reste. Dans ce département du nord-ouest du Bénin et limitrophe du Togo à l’ouest et du Burkina Faso au Nord, des poches de résistance de cette pratique ancestrale se remarquent aussi. Pour commettre le forfait, une période apparait propice pour les villageois : La période d’harmattan. Cette période pour eux est le moment idéal pour exciser les filles. Les investigations menées ont permis à certains responsables d’Organisations non gouvernementales, d’identifier à Sakabansi, un village de Kandi, une douzaine de filles excisées et pareil à Donwari et Polo.
Manifestation
Pour se tirer des dispositions législatives en vigueurs qui sanctionnent l’acte en République du Bénin, les acteurs qui s’y adonnent préfèrent opérer sur des territoires voisins. Dans le rapport publié par la plateforme des organisations de la société civile au Bénin, il y est noté que la pratique a été poussée à la clandestinité et a traversé les frontières du Bénin du fait qu’elle est punie par la loi dans le pays. A Ségbana au nord-est du Bénin, des habitants ont sans langue de bois témoigné que « des exciseuses convoient des jeunes filles en traversant la frontière pour les exciser au nord du Nigéria où les mutilations génitales féminines ne sont pas encore illégales ». Des villes du Niger et du Burkina Faso sont également citées comme destination pour les gardiennes de cette tradition pourtant décriée et condamnée. En dehors de la partie septentrionale, d’autres endroits du Bénin côtoient aussi cette pratique. Dans la partie méridionale, quelques cas sont également recensés dans le plateau. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la courbe des filles excisées a certes considérablement chuté ces quinze (15) dernières années, mais la nouvelle technique déployée par des acteurs ne permet malheureusement pas de s’en réjouir. De ce fait, le législateur béninois, pour une lutte efficace contre ce phénomène doit doter le pays d’un arsenal juridique adéquat qui réprime tous ceux qui s’y adonnent.
La loi et ses faiblesses
Le Bénin dispose bel et bien d’un arsenal juridique bien élaboré qui, normalement devrait lui permettre, si bien mis en œuvre, de venir à bout de cette pratique ancestrale aux conséquences désastreuses sur les victimes. Plusieurs mécanismes sont à cet effet dans ce cadre mis en place. Au nombre de ces mécanismes figure le mouvement de défense des droits des femmes et de lutte contre les Mutilations génitales féminines. Dans cette lutte contre les Mutilations Génitales Féminines au Bénin, la loi 2003-03, telle qu’entré en vigueur conforte bien les actions. Au sommet de la hiérarchie des normes nationales, la Constitution du 11 décembre 1990 en son article 18 garantit à tout citoyen le droit de disposer de son corps de son intégrité physique et de ne subir aucune torture sous aucune forme. Sur le plan des conventions nationales ratifiées par le Bénin, l’article 2 stipule « tous actes de violences dirigées contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques » et faisant spécifiquement aux Mutilations Génitales Féminines dans le cadre de la loi principale 2003-03. Malheureusement, l’excision est encore loin d’être éradiqué au Bénin surtout dans les régions rurales du Nord en raison de la nouvelle forme de cette pratique. Dans certaines contrées du Nord, plus de 70 % des femmes et des filles sous l’égide de la nouvelle forme subissent encore cette violation de leurs droits fondamentaux. Puisqu’il n’existe pas encore de disposition légale interdisant les MGF transfrontalières. Dans la législation nationale, la loi N° 2003-03 n’aborde pas directement la question des Mutilations Génitales Féminines transfrontalières. Aussi, note-t-on que le pays ne dispose pas, jusqu’aujourd’hui, de législation spécifique ou d’autres lois relatives aux MGF perpétrées sur ou par des citoyens béninois dans d’autres pays.
Recommandations
Face aux milliers de femmes et de filles exposées chaque année au risques de mutilations génitales féminines au Bénin, il est impératif plus que jamais que des efforts soient multipliés pour mettre fin à ce fléau. Pour cela la responsabilité de tous les acteurs à divers niveaux est essentielle à la foi pour éradiquer ce phénomène. Ainsi les gouvernants béninois doivent :
– Autorisation par le gouvernement de la diffusion d’information dans les hôpitaux pour informer les citoyens sur les dangers des Mutilations génitales féminines. Lesquelles informations qui doivent être passées dans presque toutes les langues nationales.
– Mener des actions de sensibilisation orientées dans des zones rurales du pays en l’occurrence dans les départements de la Donga, de l’Atacora, du Borgou et de l’Alibori.
– Les responsabilités des structures sanitaires tant publiques que privées se doivent d’accueillir les victimes des mutilations Génitales Féminines et leur assurer les soins les plus appropriés.
– Le législateur est appelé à condamner la non dénonciation ou toutes formes de complicité d’une amende à la taille de l’acte commis.
– Il doit (législateur) aussi institué dans la législation en vigueur, une loi portant répression des mutilations génitales transfrontalières.
– les autorités sont appelées à mettre à la disposition de tous les citoyens béninois un numéro vert pouvant leur permettre d’alerter les autorités compétentes en cas de constations des mutilations génitales féminines dans une région.
– Organiser chaque année des périodes de campagnes où les crieurs publics passeront de quartier de ville ou de village en village sensibiliser la population en périodes d’harmatan.
– Saisir toutes les occasions pour échanger avec les femmes surtout lors des rencontres de planification familiale sur les dangers des MGF. L’enjeu ne serait pas de forcer la communication mais de les amener à saisir le coté sombre de la chose.
– Elaborer des plans d’action pour modifier l’environnement social de manière à favoriser l’abandon total des MGF.