NON à l’exploitation sexuelle des jeunes filles en Afrique de l’Ouest

Auteur: D’ALMEIDA LALAYE Belinda – Stagiaire au Réseau des Femmes Leaders pour le
Développement (RFLD) et Etudiante en Master 2 de Solidarité Internationale et Transition Durable
à l’Institut Catholique de Paris – Email: belindacho@hotmail.fr

Ce phénomène qui touche un grand nombre de filles est difficilement chiffrable tant elles sont invisibilisées par leurs exploiteurs. De plus, la faiblesse des dispositifs en charge de leur repérage empêche l’obtention de chiffres à la hauteur de la représentation du phénomène au sein de la région Ouest-Africaine.

  • Mais alors comment est-ce possible que des jeunes filles mineures puissent être contraintes de vendre leur corps dans des sociétés qui pourtant mettent en avant l’importance du respect des moeurs au sein de la cellule familiale?
  • Sont-elles dénuées de droit?
  • Qui devons nous indexer: les familles ou bien les institutions étatiques qui ne parviennent pas à garantir leur sécurité ?

Si l’on devait répondre de manière juste, la réponse serait les deux.

L’exploitation sexuelle des jeunes filles, un phénomène de traite :

Les enfants font l’objet de divers types d’exploitations, spécialement les filles qui sont les plus vulnérables, cependant l’exploitation sexuelle est l’une des pratiques les plus répandues dans le monde. Ces faits devraient être considérés comme des faits de traite selon l’article 3-A du protocole de Palerme en droit international. En effet, cet article définit la traite comme le fait de subir le « recrutement, transport, transfert, hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours

  • la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, et par l’offre ou l’acceptation de paiements ou davantage en nature». La traite chez les mineurs revêt quelques particularités néanmoins, car acte et finalité, forme l’exploitation chez le mineur, contrairement aux adultes, l’infraction de traite ne nécessite pas de prendre en considération les moyens utilisés tels que la force, la contrainte, le chantage, ou la duperie. Dès lors qu’une jeune fille est une victime présumée de l’infraction, et qu’elle a subie l’acte (transport..) et le but (à des fins d’exploitations), la qualification de victime de traite doit lui être accordée. Le consentement de l’enfant étant dans tous les cas indifférents du fait de sa minorité qui constitue en soi sa vulnérabilité.

Le rôle de la cellule familiale :

Néanmoins s’il est simple de caractériser les faits de violences dont sont victimes bonnes nombre de jeunes filles il est essentiel de se demander dans quel contexte ces pratiques prennent leur source. En effet, la traite de ces jeunes filles est en général un projet collectif, motivé par la cellule familiale que cela soit la mère, le père, la tante, ou un autre membre de la famille proche. Ce qui contribue activement à l’endiguement de cette pratique. Ces derniers incitent les jeunes filles à vendre leur corps dans le but de subvenir aux besoins familiaux. Même si dans la majorité des cas elle est utilisée comme une stratégie de survie pour ces familles.

Les facteurs encourageant ces pratiques :

  • Le manque de scolarité et d’éducation: le manque de connaissances relatif à l’impact néfaste sur la psychologie et le corps des filles est très présent chez les populations très peu éduquées et scolarisés, notamment dans les villages éloignés d’où proviennent très souvent les jeunes filles mises en exploitation.
  • La précarité : le manque de ressources et la pauvreté des familles sont les facteurs premiers au développement de la prostitution et la traite des jeunes filles.
  • Le contexte migratoire : durant la traversée terrestre vers les pays d’Afrique du Nord, les filles et les femmes sont particulièrement sujettes aux dangers et à la violence. Selon, le spécialiste de la protection et de l’aide aux migrants à l’OIM, Michèle Bombassei, déclare que « la vulnérabilité des migrants croît au fil de leur périple, en particulier pour les femmes qui voyagent seules ».

L’inefficience des dispositifs de loi et protocole :

Le Bénin a pourtant ratifié un certain nombre de conventions internationales qui protègent les mineurs de l’exploitation sexuelle. En 1990, elle intègre la convention internationale relative aux droits de l’enfant. Au début des années 2000, plusieurs autres conventions sont ratifiées dont la convention sur les pires formes de travail de l’OIT, et le protocole sur la convention des Nations Unies contre les crimes transnationaux, visant à réprimer les faits de traite sur autrui, en particulier les femmes et les enfants. En 2005, le Bénin s’engage à suivre le protocole facultatif sur la prostitution, la pornographie et la vente des enfants.

L’article 21 de la loi 2006-04, qui porte sur les conditions de déplacements des mineurs et de répression de la traite d’enfants, prévoit des peines allant de 10 à 20 ans de prison, dans le cadre de la traite des enfants à des fins sexuelles. Néanmoins, ces peines sont très peu appliquées et cela malgré l’ampleur du phénomène. Les sociétés civiles et les ONG ont donc un rôle essentiel à jouer dans la mise en application des droits et dispositifs présents.

Il est primordial de concevoir le phénomène de la traite comme un système, et cela suppose de penser son éradication par le biais d’un processus collectif et effectif qui reposent sur les trois piliers suivants:

  • LE REPÉRAGE
  • L’IDENTIFICATION
  • LA PRISE EN CHARGE

Que peut-on améliorer?

La Protection

La Coordination

La Coopération

RECOMMANDATIONS

  • La multiplication des actions menées par les ONG pour contribuer à la mise en visibilité du phénomène de la traite et l’exploitation sexuelles des enfants.
  • La sensibilisation auprès des familles notamment dans les villages défavorisés, concernant les effets néfastes de ces pratiques sur le corps et la psychologie des jeunes filles concernées.
  • La mise en place de plaidoyer auprès des acteurs en charge d’assurer leur protection, (Ministère des affaires sociales, Ministère de la promotion de la femme)
  • Le renouvellement de plan d’action nationale en faveur de la protection des enfants (comme celui de 2008 au Bénin)
  • La formation des magistrats et des acteurs en charge de leur repérage tel que l’office central de protection des mineurs-(OCPM) sur l’importance de sanctionner les exploiteurs
  • Le renforcement des mécanismes, réseaux institutionnels et communautaires en faveur de la protection des enfants en situation de migration aux niveaux national et régional
  • L’appui à la coopération régionale entre les états d’Afrique de l’ouest afin d’apporter un accompagnement et une prise en charge des jeunes en situation de traite
  • La création d’infrastructure dans les états d’Afrique de l’ouest permettant de les recueillir et de leur fournir une prise en charge complète grâce à la mise à disposition d’un cadre d’acteur: social et médico/pédopsychiatre auprès des victimes.

” Bibliographie

  • Mémoire sur la Traite des mineures nigérianes: Un cheminement vers l’émancipation, Belinda d’Almeida, 2021

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