Que retenir de la gestion de l’information sur les violences basées sur le genre (Etat des lieux et perspectives) en République Centrafricaine

Auteur : Cellule de Communication du Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD)

RFLD, est une organisation d’Afrique subsaharienne qui possède une expertise dans la collaboration avec les acteurs étatiques, les médias, et les organisations de la Société Civile. Nous intervenons à travers le plaidoyer, le développement de politiques, la formation, en intégrant le genre et en promouvant l’espace civique, les droits des femmes, la justice climatique, les droits économiques des femmes.

Email du Secrétariat : admin@rflgd.org

Depuis des décennies, les violences basées sur le genre (VBG) ont été reconnues comme un phénomène traduisant des rapports de force inégaux entre les hommes et les femmes, conduisant à la domination et à une discrimination exercée souvent, par les premiers sur les secondes. Ces violences constituent particulièrement des freins pour la promotion des femmes et portent atteintes à leurs libertés fondamentales. Elles empêchent partiellement ou totalement, les victimes qui sont très souvent partiellement protégées, de jouir de leurs droits. En Afrique et en République Centrafricaine en particulier, les Violences Basées sur le Genre font partie des, des réalités virulentes ou des principaux facteurs sociaux de subordination d’un groupe de personnes envers un autre. Ce sont aussi des violences sexistes puisqu’orchestrées contre une personne en raison de leur sexe et du regard que porte la société, la culture ou la religion sur elle. Elles sont enracinées dans l’inégalité entre les hommes et les femmes à travers toute l’Afrique. La Convention sur l’é1imination de toutes les formes de discrimination à 1’égard des femmes (CEDEF), souvent décrite comme la déclaration universelle des droits des femmes, composée de 30 articles, définit explicitement en son article 4 les différentes formes de discrimination à l’égard des femmes et propose à cet effet des orientations de politique nationale pour lutter contre celles-ci. En République Centrafricaine comme partout ailleurs, la violence basée sur les disparités socioculturelles entre homme et femme, la répartition et sur les rôles qui leur sont dévolus en particulier sont monnaies courantes. En effet, elles sont dirigées principalement contre les femmes et les filles. Une réalité malheureuse qui va à l’encontre de l’égalité des sexes, prônée dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et les Instruments subséquents ratifiés par le pays. Il s’agit donc d’une situation qui constitue pour le pays un obstacle majeur, assez préoccupant pour son développement économique et social et par ricochet pour la paix.

Quel état des lieux ?

En République Centrafricaine, la violence à l’encontre des femmes est entretenue par la socialisation différentielle des jeunes garçons et des jeunes filles. Dès son plus jeune âge, la jeune fille est éduquée à tolérer et même parfois à accepter que la violence domestique est une fatalité et qu’il faut l’accepter comme telle. Autrement dit, les stéréotypes et les normes sociales, seraient à l’origine des cas de violences enregistrés dans le pays. Dans plusieurs régions du pays notamment au nord, les Violences Basées sur le Genre traduisent des inégalités et disparités entre hommes et femmes, qui tiennent leurs origines du système social qui tient pour fondement le patriarcat. Ce système crée et fait durer des mauvais préjugés et stéréotypes sociaux envers les femmes. La Centre Afrique est encore marquée par des pesanteurs socio-culturelles encore tenaces et des pratiques traditionnelles néfastes, contribuant ainsi à augmenter les cas de violences faites aux femmes dans les communautés. L’analyse des données recueillies sur la prévalence des VBG a montré que, dans le pays, environ 65% des femmes ont subi des violences basées sur le genre. La violence la plus courante est celle psychologique-émotionnelle sous forme de violences et physiques. La plupart des recherches effectuées en 2018 dans ce sens ont montré que près de 50% des violences sexuelles sont enregistrées sur des filles de moins de 16 ans et 60 % sur des mineures de 18 ans. En 2021 près de 11592 cas de violences basées sur le genre ont été perpétrés soit une augmentation de 26% par rapport à 2020. A en croire les données statistiques du système de gestion de l’information sur les violences basées sur le genre, recueillies auprès des services dédiés, la réalité des VBG en Centre Afrique est préoccupante. Environs 722.000 personnes se déplacent chaque année à l’intérieur du pays avec environs 256.000 cas de rapatries spontanées. Plus de 50% de ces déplacées interne sont les femmes et les adolescents fatigués de vivre des conditions de vie peu favorables à la protection de leurs droits. Aux cas de violences suscités il faut ajouter les mutilations génitales féminines et des cas d’accusation de sorcellerie contre les femmes. Le rapport annuel de l’année 2021 indique 11.592 cas de violences basées sur le genre soit une augmentation de 26% des cas de 2020. Le nombre global des survivants de MGF des violences basées sur le genre sont les filles et les femmes qui ont une ou plusieurs types de VBG est estimé à plus de 95%.

Perspective sur les VBG en République Centraficaine

Il est très préoccupant que les différents facteurs qui conduisent aux VBG exposent davantage les filles et les femmes notamment aux mariages forcés et précoces pour des raisons économiques, violences conjugales, viol et les abus sexuels. L’analyse de cette situation montre les défis du pays dans l’identification des stratégies de prévention efficaces à appliquer et le défis de faire face à la prise en charge holistique des incidents rapportés. Au niveau de l’analyse des données, il ressort que la RCA doit impérativement travailler à l’harmonisation et au renforcement de capacités des acteurs impliqués dans la lutte contre les VBG. Renforcer ultérieurement les actions de sensibilisation en impliquant de nouvelles organisations pour améliorer les résultats. Dans le domaine de la lutte contre toutes les formes de violences,la principale difficulté réside dans le principe de soumission. Selon la société centrafricaine, la femme doit obéissance et soumission à l’homme et toutes les armes pour faire respecter cette hiérarchie sont admises par la société et acceptées par la femme. Dans ce cas, la violence est perçue comme la réponse morale à un refus d’obéissance. Des lacunes notables sont ainsi notées dans la législation de ce pays, en ce qui concerne le mariage d’où la récurrence des mariages d’enfant. Alors comme idéal à prôner, les autorités doivent davantage renforcer le système judiciaire en y insérant des sanctions à la taille du crime commis. La lutte contre les violences peu importe la forme est vitale, non seulement pour la survie des victimes mais aussi pour le développement d’une meilleure société, une société libre dans laquelle chacun contribue librement dans son plein potentiel.

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