Situation des droits de l’homme au Burkina Faso : Quel avenir pour la jeunesse en dépit des nombreuses violences orchestrées ?

Auteur : Cellule de Communication du Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD)

RFLD, est une organisation d’Afrique subsaharienne qui possède une expertise dans la collaboration avec les acteurs étatiques, les médias, et les organisations de la Société Civile. Nous intervenons à travers le plaidoyer, le développement de politiques, la formation, en intégrant le genre et en promouvant l’espace civique, les droits des femmes, la justice climatique, les droits économiques des femmes.

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C’est une tradition, un fléau, une torture qui touche des milliers de femmes dans le monde et notamment au Burkina Faso. Dans ce pays, les violations des droits des humains et autres discriminations sont devenues l’un des fléaux qui donnent du fil à retordre à toutes les couches de la société depuis quelques années. Conflits armés, discriminations d’ordre sexuel et la détérioration de l’espace civique sont autant de maux qui font rage au Burkina Faso et qui perturbent la vie de la population civile et par conséquent entrave les activités de toutes les couches socio-professionnelles.

Justement face à ces exactions, il est légitime de se demander quel est l’avenir qui serait réservé aux jeunes, figures emblématiques de la relève pour un Burkina Faso nouveau ?

Contexte actuel

Le goût prononcé du gouvernement en place au Burkina depuis 2019 pour les réformes n’a désormais point de Rubicon. Tel dans une caserne de génie mili­taire, la devise semble être « parfois construire, par­fois détruire ». Depuis le 20 septembre sur papier et di­vulgué près d’un mois durant, c’est le mode de violation des droits humains qui est entré au laboratoire des réformes. Sans ambages, un grand coup vient encore d’être frappé dans l’espace public par conséquent aux droits humains. Le président Rock Marc Christian Kaboré, au lendemain de sa prise de pouvoir s’est résolument engagé à dédier son quinquennat à la cause des couches les plus vulnérables de la société burkinabé, notamment les jeunes et les femmes. Des mois plus tard, les fruits semblent ne pas tenu la promesse des fleurs. Car, force est de constater que ses promesses sont et demeurent des promesses électorales qui n’ont d’ailleurs engagé que ceux qui y ont cru. Et pour mieux comprendre, il faut lire l’échiquier politique pour s’en convaincre. Au plan national, les femmes, sont faiblement représentées dans l’appareil d’État. Dans l’arène politique, elles sont quasiment casées aux seconds rôles. Tant par le nombre que par l’importance, elles font figure pâle dans le tout nouveau gouvernement, comme du reste dans les précédents. A maintes reprises, la liberté d’expression a été bafouée par les autorités avec pour conséquence, les journalistes femmes et jeunes sans défenses abandonnés à leurs sorts.

Dans un climat tendu et rejetant tout ce qu’on pouvait appeler « respect des droits humains », des officiers de rang intermédiaire de l’armée, niant la réponse du gouvernement de Kaboré à une insurrection islamiste et l’insuffisance du soutien aux soldats, ont organisé un coup d’État contre ce dernier, qui avait été réélu pour un second mandat en 2020. Dans ce pays aux institutions démocratiques très fragiles, des groupes armés islamistes depuis 2016 et les forces et des milices progouvernementales sont responsables de la mort de plusieurs milliers de personnes au Burkina Faso, occasionnant la fuite de près de 1,5 million de personnes de leurs foyers. 

Sur fond de crise humanitaire croissante et de conflit armé brutal la démocratie qui y faisait son petit bonhomme de chemin de­puis une dizaine d’années quant à la liberté d’expression venait ainsi d’être mise en jeu pour une alternance forcée. Alors que la course à la promotion des droits de l’homme fait la guerre à l’horloge dans certains pays de la sous-région, c’est la discrimination et la concentration du pouvoir d’Etat entre les mains de quelques hommes qui paraît préoccuper au sommet de l’Etat.

Une concentration du pouvoir central qui confère aux nouveaux patrons du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR),  le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba le droit et le privilège d’ordonner la suspension de la constitution, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, et imposé un couvre-feu dans tout le pays. Ce coup d’État faut-il le rappeler a été orchestré dans un contexte d’une nette détérioration de la situation des droits humains et sécuritaire, marquée par une recrudescence des attaques et des atrocités commises par des groupes armés islamistes et une crise humanitaire croissante.

Le Burkina Faso avait déjà du mal à faire en sorte que justice soit rendue pour les centaines d’exécutions sommaires perpétrées par presque toutes les parties et à faire du respect des droits civils et politiques des citoyens son cheval de bataille. Mais c’est penser à son aise sachant que la politisa­tion des droits humains jusque-là n’a fait aucun bien que cela devrait conforter les bénéficiaires à travailler à leur autonomisation et épanouissement en laissant la société décider de ce qui leur sera bien et en arbitrer. Entre protection et promotion, les femmes sont quasiment reléguées au second rang.

La jeunesse face aux défis des exactions perpétrées par les groupes armés

Réélu pour un deuxième mandat à la fin de l’année 2020, le président burkinabé a fait le choix d’une politique de dialogue et de main tendue avec certains des groupes armés opérant dans le nord du pays. Nonobstant cela, le conflit armé a continué à faire ravage, ceci au grand dam de l’avenir de la jeunesse. Un massacre orchestré contre la population civile notamment les jeunes dans la ville de Solhan en juin de la même année a déclenché des manifestations de grande ampleur, qui ont mené au limogeage du ministre de la Défense. D’autres manifestations contre la sécurité des personnes et des biens ont eu lieu à la suite d’une attaque contre un détachement de gendarmerie à Inata. Par ailleurs, les violences enregistrées ont entraîné le déplacement de nombreuses personnes et placé la population dans une situation d’insécurité alimentaire. De quoi réduire considérablement la capacité d’une jeunesse active qui devrait prendre la relève. La situation humanitaire devenant précaire, l’on pourrait se demander quel avenir serait pour la jeunesse burkinabé. Nul doute que l’avenir serait sombre à condition que des décisions politiques de promotion et de protection de l’espace civique soient prises en faveur de la jeunesse.  Car au regard du nombre de déplacées interne c’est le pays qui se vide peu à peu de ceux qui sont supposés le relever (Passant d’un million en janvier à 1 368 000 en juillet, selon le HCR). Véritable défis donc pour l’épanouissement des jeunes.

L’éducation des jeunes mises à rudes épreuves

En ces derniers temps où les menaces planent sur la plupart des peuples africains, le système éducatif est mis à rudes épreuves. En effet, les groupes armés interdisent ce qu’ils estimaient être une éducation qui vienne de l’occident. En outre, les violences et toutes sortes de menaces dissuadaient encore les enseignants de rester sur leur lieu de travail. En mars par exemple, plus de 323 élèves ont été contraints de fuir leurs écoles à la suite d’attaques perpétrées par des assaillants dans la région de la Boucle du Mouhoun. Entre le 21 et le 28 juin 2021, une dizaine d’écoles a été attaquée par des groupes armés. Du matériel scolaire dérobé et des biens détruits. Le droit à l’éducation et à la santé a été mis à mal et des cas de violences sexuelles ont été signalés çà et là dans le contexte du conflit. L’impunité devenait comme une norme généralisée pour les graves atteintes aux droits humains. La liberté de la presse a été menacée par les autorités.

Jeunesse et développement d’un Burkina Faso nouveau : Quel idéal prôner ?

Face à la situation humanitaire précaire en raison du nombre de déplacées internes et de l’instabilité sociale, il est important de prôner une nouvelle conscience c’est-à-dire une jeunesse au service du développement. Pour un Burkina nouveau, il est évident que les jeunes sont une grosse colonne sur qui, il faut inévitablement s’appuyer.

Mais face à leur difficulté aujourd’hui, il faut commencer à mettre en place certaines garanties pour permettre à ceux-ci de s’investir davantage pour faire bouger les lignes.

La première garantie est celle de l’accompagnement. Cet accompagnement doit couvrir tant le champ de la formation que celui de l’assistance technique. En effet, pour permettre à la jeunesse burkinabé de se rebâtir, s’éduquer afin que ces derniers participent le mieux à la reconstruction du pays une fois pour toutes, il faut commencer à former.

Au travers de la formation, une nouvelle conscience pourrait naitre car les jeunes sont des piliers importants non seulement en raison de leur nombre, mais aussi parce qu’ils disposent de beaucoup d’énergie et de temps ainsi que de compétences essentielles telles que l’innovation et la flexibilité. En outre, les jeunes sont plus enclins au changement et à prendre des risques que la population adulte. Au-delà de ça, la formation doit aussi leur permettre de vaincre les barrières culturelles et d’oser pour corriger les travers de la société dans laquelle ils vivent.

Sans eux, l’avenir du Faso est bien loin d’être radieux.

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