AUTEURS: AGUEH Gloria Dossi Sekonou
L’Afrique, ce continent au fort potentiel de développement se trouve depuis des décennies face à un dilemme auquel les actions collectives et individuelles tentent de trouver une issue : Eriger une échelle ou creuser un gouffre pour sa jeunesse ?
Cette question inconsciente se traduit par la crainte des politiques de voir la jeunesse dévier et dériver après avoir tout reçu sur un plateau grâce à l’échelle, ou à voir cette jeunesse sombrer sans espoir après avoir été plongé dans un gouffre duquel elle devait se déployer pour s’en sortir et réaliser son plein potentiel en accomplissant d’immenses exploits. Nous préconisons de bâtir une échelle inclusive comme cette Tour de Babel qui fût crainte même par Dieu ; car quand le chemin est ouvert et que l’issue finale est bénéfique pour tous, les capacités individuelles se développent et se déploient à leur maximum.
- Mais comment bâtirons-nous cette échelle pour la jeunesse ?
- Quels sont les piliers sur lesquels reposer ?
- Quels sont les domaines et champs d’actions favorables au développement de la jeunesse du continent Africain ?
Tous les hommes sont nés égaux dit-on ; avec les mêmes droits inaliénables de réalisation et d’accomplissement. Dans nos sociétés africaines, ce droit de réalisation et d’accomplissement se matérialise à travers une vie active productive ; soit par un emploi décent, ou la possession d’une entreprise florissante contribuant activement au bien-être de la famille et à stimuler l’économie, créant des emplois et soutenant des œuvres de tout ordre. C’est alors à ce niveau que s’exprime le devoir des politiques envers la cité et plus particulièrement envers sa jeunesse qui constitue le fer de lance de toute nation.
L’Organisation des Nations Unies, par son assemblé générale, ainsi que tous les organes de cette institution se sont accordés avec les gouvernement pour porter comme objectifs mondiaux et priorités de développement la création d’emplois décents pour tous et le renforcement des partenariats entre les institutions pour une globalisation plus effective, comme le confère les Objectifs pour le Développement Durable[1]. Alors, comment pouvons-nous traduire ces conventions au niveau continental et en assurer leur réussite ?
L’Education au cœur du développement
Tout développement et évolution passe par la maitrise et l’application des compétences, capacités et savoirs passés et contemporains pointus. De ce fait, la priorité doit être donnée au développement des capacités pour les jeunes africains. Cela est possible d’être réalisé à trois différents niveaux.
D’abord, il est crucial d’enclencher une réforme totale du secteur de l’éducation en Afrique pour qu’il soit davantage actualisé et sensible à la dynamique des questions économiques, environnementales et sociales actuelles, ainsi que des réalités du marché du travail dans le contexte africain. Car avec l’évolution du monde, certains secteurs tels que l’agriculture, le transport, la communication touchés par les technologies numériques qui ont bouleversé et radicalement transformé les modes de vie de nos sociétés sont devenus des secteurs à fort potentiel de croissance. Il s’avère important de prendre en compte ces considérations dans les orientations éducatives et de formation technique et professionnelle en Afrique.
Aujourd’hui en Afrique et partout ailleurs, force est de constater que l’analphabète contemporain n’est plus celui qui ne sait ni lire, écrire et compter, mais bien celui qui ne sait pas se servir d’un ordinateur. D’aucuns iront plus loin en disant que l’analphabète contemporain est celui qui ne sait pas écrire une ligne de code numérique. Nous pensons alors que les compétences dans ce secteur doivent faire partie des priorités de formation en Afrique.
Ensuite, nous devons renforcer les institutions techniques et organes sectoriels travaillant sur les questions d’autonomisation des jeunes à tous les niveaux afin que ceux-ci soient outillés pour améliorer et renforcer les capacités des jeunes diplômés et les guider vers une autonomisation plus pertinente et durable.
Enfin, nous croyons que la création d’une plateforme continentale et l’harmonisation des curricula universitaires et de la formation professionnelle et technique est une alternative permettant une coopération continentale en Afrique pour le transfert sud-sud de connaissances, de compétences et la promotion d’un développement durable holistique.
Des Compétences pour l’emploi et non pour le placard
Tout en assurant une restructuration de l’éducation en corrélation avec le marché du travail sur le continent, il est autant important de prendre les dispositions nécessaires et les mesures idoines pour offrir de l’emploi à cette jeunesse dont les compétences et capacités se trouvent renforcées et améliorées.
Nous revenons ainsi au devoir des politiques sus explicités envers la société et surtout vis-à-vis de la jeunesse, qui pour le cas d’espèce est applicables à deux échelons et dépendent d’une forte volonté politique de créer un changement durable.
D’un côté, il faudra des institutions pour l’accompagnement à l’insertion professionnelle des jeunes diplômés ayant un programme et un agenda objectif en terme de création et de développement de l’emploi à court, moyen et long terme, qui seront des passerelles permanentes entre les demandeurs d’emploi et les entreprises pourvoyeuses de ces emplois. Ces institutions seraient un maillon essentiel utile à la compréhension de la dynamique du marché du travail en Afrique.
De l’autre côté, les gouvernements doivent élaborer des mesures fiscales et mettre en place des dispositifs juridiques et administratifs favorisant l’implantation des industries, l’ouverture de filiales massives des multinationales et d’entreprises internationales pour favoriser la création d’emplois en rapport avec les orientations économiques actuelles et les accords économiques.
C’est en l’état que la pertinences d’une plateforme africaine pour l’emploi s’exprime. Car elle favorisera le transfert de compétences et la coopération à l’échelle continentale.
L’ère de l’innovation n’est pas encore achevée
Aussi, savons-nous que l’esprit d’entreprise est le pilier central du développement économique des pays. Ce sont les acteurs du secteur privé qui font vivre l’économie d’un pays. Voilà pourquoi il reste fondamental d’entreprendre des réformes institutionnelles visant à :
- Promouvoir l’innovation : c’est le désir d’améliorer les conditions de vie de la race humaine qui a vu naître les plus grandes inventions dont nous bénéficions des avantages encore aujourd’hui. Cette capacité à l’innovation doit être portée, partagée, entretenue et promue dans toutes les sphères (politique, éducation, justice, administration, etc.), et cela est possible avec des législations fortes et pertinentes portées par nos Etats. L’esprit d’innovation est un sol duquel la créativité et les technologies prennent leur envol. L’Afrique ne devant pas rester en marge de ce boom a un rôle à jouer étant donné que beaucoup de choses sont encore possible d’être transformées, améliorées sur le continent.
- Promouvoir l’esprit d’entreprise : en plus des aptitudes et compétences, le cadre juridique, institutionnel, économique et des conditions d’accompagnement doivent être mises en place afin de mener la jeunesse du continent à saisir le chemin de l’entrepreneuriat, d’autant plus que les domaines et champs d’actions sont multiples et variés. Ce potentiel doit être déployé, soutenu en Afrique autant en même plus que ce n’est le cas en Europe et en Amérique, d’où nous sommes témoins des innovations, produits, entreprises, et l’essor que connait ces économies portées par leur jeunesse entreprenante et dynamique soutenu par un système bancaire favorable à l’entrepreneuriat qui a été rendu possible par l’action des législations et des hommes politiques. Car du développement des entreprises découlera plus d’emplois, une économie plus florissante et un développement durable plus soutenue pour l’Afrique.
- Promouvoir la participation citoyenne : au-delà des droits à la réalisation, la jeunesse doit contribuer à soutenir l’économie, la justice sociale qui est un devoir citoyen régalien. Nous croyons que la mise en place de ce contexte pluridimensionnel dans nos Etats et pays africains est la cadre favorable à une participation plus active de la jeunesse du continent à son développement.
Le champ d’action se présente comme une suite logique et complémentaire de dispositions légales et d’une volonté politique de construire une jeunesse autonome, dynamique et durable. Nous pouvons donc de ce parcours conclure que le chemin vers l’autonomisation de la jeunesse africaine passe d’abord par une action émanant du pouvoir dont les orientations doivent être définies fonction des questions mondiales mais adaptées au contexte africain. Le plein potentiel de cette jeunesse ne pourra être réalisé que lorsque chacun et tous aura une chance de bénéficier des mêmes opportunités et de contribuer de manière active à l’atteinte des Objectifs de Développement économiques locaux et régionaux. L’engagement pour faire de cet objectif une réalité doit venir de chacune des parties foulant le sol de notre cher continent. Nous devons tous donc travailler à ériger cette échelle pour notre Afrique.
[1] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/